Bullshit economy

Il me semble que David Graeber est un des penseurs les plus importants des temps présents. Voici qu’il publie un article où il s’interroge sur la « bullshit economy »… Premier constat, il y a bien un bouton « pause » ou « arrêt » au capitalisme, la crise du Covid-19 l’a montré. L’économie n’est pas – qui l’a jamais cru, à part les idéologues ou les crédules – une entité autonome de la volonté humaine. Le fait que tant de superflu ait été arrêté pendant cette crise amène Graeber à poser la question de ce qu’est réellement l’économie. Et force est de constater que l’économie à laquelle pensent les pouvoirs est essentiellement la production de surplus, d’inutile. « Relancer l’économie » c’est essentiellement permettre aux managers, designers marketing, publicitaires, auditeurs, contrôleurs, actionnaires, gestionnaires administratifs… à tous les bullshit jobs de reprendre leurs activités fondamentalement inutiles. « Tous ces gens dont le boulot, en somme, consiste à vous convaincre que leur boulot ne relève pas de l’aberration pure et simple ». Alors il faut aussi se questionner sur ce que nous devrions, ou pas, relancer. Faut-il « relancer » tant de compagnies aériennes ? Faut-il « relancer » tant d’événementiel commercial ? Faut-il relancer tant de start-up inutiles ? Le luxe ? Faut-il relancer tant de tourisme de masse et de locations d’appartements qui gangrènent les villes ? La réponse semble assez évidente : nous avons très bien vécu sans. Enfin, Graeber revient sur un aspect essentiel de son travail : il nous faudrait revenir sur cette logique absurde qui donne à ceux et surtout à celles qui prodiguent soins et assistance les salaires les plus bas, alors que les bullshit jobs ont les plus hauts. Probablement qu’une telle inversion des revenus signerait la fin heureuse de beaucoup de ces métiers parasites. « On comprend alors que les exhortations à relancer l’économie ne sont que des incitations à risquer notre vie pour permettre aux comptables de retrouver le chemin de leur box ». Dans un autre texte, Graeber parle de l’utilité sociale comme l’activité qui entretient ou augmente la liberté d’autrui. Nous devrions saisir la crise que nous vivons pour initier les changements structurels d’organisation économique et politique dont nous et l’environnement avons tant besoin. Quelques-uns seulement en souffriront, ceux qui nous font souffrir aujourd’hui.
https://www.liberation.fr/debats/2020/05/27/vers-une-bullshit-economy_1789579

Bullshit economy

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Leo S. Ross
29 05 2020