Mon pauvre lapin

Un livre de César Morgiewicz

Nous avons une amie avec qui les livres font toujours de curieux chemins. Pour mémoire, c’est elle qui nous avait fait découvrir Nancy Huston - Bad girl - en l’oubliant sous un canapé lors de l’un de ses séjours. Pour son anniversaire, sur les conseils d’une libraire, je lui ai offert Mon pauvre lapin. Je n’avais pas idée de quoi il s’agissait, mais l’enthousiasme de la femme – davantage que les quelques passages feuilletés m’avaient convaincu : voilà donc le cadeau. Notre amie est revenue nous voir quelques mois plus tard, elle le terminait. « C’est très drôle, merci, jolie lecture » me dit-elle. C’est l’histoire d’un jeune homme qui ne sait pas ce qu’il va faire de sa vie, hypocondriaque et encombré de manies envahissantes… Elle essaie de m’en raconter un peu l’histoire, ce qui s’avère difficile… elle propose finalement de me le prêter ;
Mon pauvre lapin j’accepte volontiers et le lis. César vit avec sa grand-mère, ses tantes, et, effectivement, il ne sait pas quoi faire de sa vie. Ce qui est d’un banal consommé ; mais il la raconte, sa vie, et, en effet, c’est drôle. Perclus d’autodérision – la forme la plus évoluée d’humour – j’ai ri presque à chaque page. Inutile d’en donner des extraits, ce ne sont pas des blagues. C’est un personnage qui se dessine, qui fait penser a quelques connaissances, de celles qui font rire quoi qu’elles disent ou à peu près, d’un humour sain et inépuisable, nourri de leurs propres inconséquences. Issu d’une famille de la haute, le narrateur est un stéréotype de ces artistes bourgeois qui parviennent à faire de la vacuité de leur vie un art. Humour ou poésie, peu importe, cette transmutation n’est pas à la portée de tous les écrivains, et celui-ci est très jeune. J’ai ri, libre de toute pesanteur – puisque l’histoire est absolument sans importance et qu’il n’y a pour ainsi dire aucun enjeu – je suis heureux que mon choix ait fait rire et je suis content qu’on m’ait prêté mon propre cadeau.


Mon pauvre lapin
César Morgiewicz
Gallimard, 228 p.
2022



Leo S. Ross
31 12 2022