Notes d’un référendum à une capitulation

Le 27 juin 2015 le gouvernement grec annonce la tenue d’un référendum portant sur les mesures d’austérité exigées par ses créanciers pour accorder un nouveau crédit.

29 juin 2015
Qui se dit démocrate et critique la tenue d’un référendum n’est qu’un laquais de la tyrannie.
Si j’étais grec cette fois je voterais, enthousiaste : non.

30 juin 2015
Il n’est pas nécessaire d’étudier le fonctionnement d’un revolver pendant des semaines pour être convaincu de sa dangerosité. Ni pour en convaincre autrui. Calibre, position de tir, démontage et entretien, cran de sûreté, fonction des rainures dans le canon… Un revolver est dangereux, se noyer dans l’étude de ses détails c’est perdre un temps précieux que l’on pourrait consacrer à sa destruction, à la fonte de son métal pour en faire un objet utile.
L’économie capitaliste est un revolver.

3 juillet 2015
L’omniprésente propagande médiatique au sujet de la Grèce (ces vils Grecs sales et méchants doivent payer ! Quelle folie que de consulter le peuple… - mais silence sur le sauvetage des banques qui en détenaient la dette) rappelle celle pour le traité constitutionnel en 2005… que les Français avaient rejeté, et qui a ensuite été imposé à l’Assemblée sous le nom de traité de Lisbonne. Ce même traité qui institutionnalise le capitalisme libéral. C’est à cette époque et à cause de cette obscène propagande que j’avais définitivement abandonné Libération et Charlie Hebdo dirigé par Val.
Il semble que la plupart des journalistes, en particulier ceux qui éditorialisent, sont complices des salauds.
Il semble qu’ils n’ont rien à envier aux plus serviles plumes de la Pravda de la grande époque stalinienne, et que leur pensée est aussi plate que celle des cafards de la presse d’extrême droite.

5 juillet 2015
« Nous n’avons pas peur des ruines. […] Nous portons un monde nouveau dans nos cœurs. »
Buenaventura Durruti

Le 5 juillet 2015 les Grecs votent non à plus de 61%.

6 juillet 2015
Je ne sais pas si je m’assagis ou si c’est l’époque qui est si morne, mais ce simple vote me rend très content… Bravo les grecs !

11 juillet 2015
Je ne connais pas bien le parcours et les convictions politiques du Premier ministre grec. Je sais seulement que ce qui apparaît comme des revirements n’est souvent que le retour aux fondamentaux d’une orientation ou de positions politiques, après s’en être écarté ou l’avoir laissé croire. C’est ainsi que j’interprète par exemple les vieux anciens gauchistes qui virent a droite : ils ne font souvent que rejoindre les opinions de la bourgeoisie dont ils sont issus (s’ils en sont issus), c’est-à-dire leur enfance, leur prime jeunesse (et c’est bien le fait d’être à gauche qui aura été une parenthèse de leur vie.)

Notes d’un référendum à une capitulation

11 juillet 2015
La part française de la dette grecque est de 43 milliards. Passons sur le fait que ce sont les “socialistes” et conservateurs des précédents gouvernements grecs qui l’ont créée, poussés à s’endetter par la BCE, le FMI, l’UE ; passons sur le fait que les banques françaises et allemandes, qui ont largement profité de cet endettement se sont complètement désengagés avec l’aide du FMI, de l’UE et de la BCE, transférant ainsi cette créance aux citoyens européens. Encore une fois, les banques qui font payer les “risques” de leurs prêts avec leurs taux d’intérêt se débrouillent finalement pour ne jamais assumer ces risques ; passons sur le fait que les entreprises d’armement françaises et allemandes ont gagné des milliards grâce aux commandes militaires de l’État grec ; oublions que quand la Californie a fait faillite les États-Unis n’ont pas envisagé de la “sortir” du dollar ; passons sur le fait qu’il suffirait à la BCE de laisser filer un peu d’inflation contrôlée pour soulager les débiteurs, pays comme citoyens (mais cela pénaliserait les rentiers et est “interdit” par les traités européens) ; imaginons un instant que l’on passe sur tout ça, ce qui est bien sûr impossible. Mais imaginons… et revenons au chiffre.
43 milliards ?
La fraude fiscale en France c’est 60 à 80 milliards d’euros par an.
Mais les ordures qui gouvernent s’en foutent. Laissent filer. Ils ne font que gérer les pays au profit des riches, des banques et des héritiers, c’est-à-dire de ceux qui préféreront l’abjecte extrême droite aux révolutions qui les menaceront, un de ces jours prochains.

Le 13 juillet 2015 au matin le gouvernement grec et ses créanciers signent un accord comportant de nombreuses mesures d’austérité et de privatisations, pire que celui refusé par le peuple lors du référendum.

13 juillet 2015
Les marchés financiers sont contents, paraît-il. Si j’en croisais un, je lui ferais traverser le Styx, la nuque bien calée dans ma paume. La dernière chose qu’il verrait de notre monde serait mon sourire dionysiaque.

14 juillet 2015
Les cloportes nationalistes, d’extrême droite, complotistes et autres souverainistes sont à l’affût. Ils seront toujours les alliés des capitalistes qui préféreront toujours leur ordre aux menaces révolutionnaires. Mais, lâches qu’ils sont, ils travestissent si souvent leur discours de haine en reprenant des bribes de nos idées qu’il faut désormais préciser que ce sont aussi nos ennemis.

14 juillet 2015
Commentaires et caricatures opposant ou stigmatisant les pays sont de graves erreurs, des fautes politiques dont profitent les fachos. Nombre d’Allemands désapprouvent complètement la politique de leur gouvernement.

Le 15 juillet 2015 dans la nuit le parlement grec approuve l’accord faisant de la Grèce une colonie de ses créanciers. Dehors ont lieu des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre.

16 juillet 2015
Toute cette triste histoire, histoire d’une capitulation, d’une trahison, confirme que les anarchistes ont raison concernant le pouvoir, l’absolu refus de le confier a une seule et unique personne. Quand on y pense un peu sérieusement, quelle aberration que de donner les clés d’un pays à un Premier ministre ou un président. Quant aux heurts qui ont agité Athènes, les choses ne se passeraient peut-être pas si mal s’il y avait plus de gens prêts à en découdre dans la rue, à occuper l’espace et le temps sans craindre quelques lacrymogènes.

17 juillet 2015
L’époque, trouble et amorphe, coule vers un abîme qu’elle redoute. Aucun monstre ne l’attend au fond. Elle est sa propre terreur. Quand elle l’apprendra, de ses ruines renaîtront nos palais. Ils seront ouverts à tous les vents.



Leo S. Ross
20 07 2015