Vent d'est en Manche
Jours d’avant
Avant l’été, nous avions convenu de préparer un nouveau périple en bateau. Mais août n’était pas encore terminé que déjà l’automne à venir s’encombra d’engagements comme la modernité excelle à en inventer.
Pourtant, un jour de début septembre, l’un de nous envoya un message : « Yo, je suis disponible les deux premiers week-ends d’octobre ». Des mots qui furent l’impulsion dont nous avions besoin.
En quelques semaines nous trouvions un bateau à louer, un port de départ et une zone de navigation : Granville, cap sur les îles Anglo-normandes.
Il n’y a pas grand-chose à préparer, pour partir en mer quelques jours. Il faut un bateau en état de naviguer, un équipage, des provisions. La destination exacte et les escales dépendront du vent, alors autant ne pas trop y penser.
On regarde une carte et on se dit, en figurant le vent avec la main : si ça vient comme ça on pourra aller par-là, si ça entre comme ça, on devra aller dans ce coin. On dort à bord, donc rien à planifier pour l’hébergement et on se déplace avec le bateau, donc pas de billets à prévoir. Cette relative absence de préparation est un élément essentiel de la sensation de liberté que procure la navigation. La liberté par le renoncement à la maîtrise du temps.
Le plus pénible de la préparation est la négociation avec le loueur : comprendre ses conditions, son contrat, voir si tout est bien inclus dans le prix qu’il nous propose, lever les craintes qu’il exprime pour son bateau – parce que nous n’avions jamais loué un 35 pieds… Mais il a envie de louer, nous avons envie de louer, le prix est raisonnable, oui, nous saurons le manœuvrer dans les ports, nous allons nous entendre.
Pour les choses à emmener, nous avons bien une checklist [1], une liste de courses [2], rien de très compliqué.
Le plus ardu, c’est l’équipage. À l’origine nous étions trois, même équipe que lorsque nous étions allés en Angleterre ( https://abordages.net/effet-de-manche
). Des amis de longue date qui se connaissent bien. Mais le bateau est grand, nous pouvons facilement accueillir un ou deux autres comparses. Un nom est proposé par l’un d’entre nous, nous le connaissions, il a l’air bien, allez, invitons-le.
Signe que le jour du départ approche, je consulte la météo marine plusieurs fois par jour.
Jeudi 9 octobre 2025
Nous nous retrouvons devant chez l’un d’entre nous, départ pour la Normandie en voiture. Nous sommes quatre et nous sommes heureux, plaisanteries et rires tonitruants font vibrer la voiture. À l’occasion de l’un de nos rares silences, nous remarquerons que la voiture, souffrant d’un défaut véniel d’origine indéterminée, n’a pas besoin de nous pour vibrer.
D’ailleurs, il convient de nous nommer. Il y a « le Brasseur », « le Plantigrade », « Casimir » et moi. Moi, c’est « le Dense ». Je me souviens avoir confessé n’avoir jamais vraiment réussi à flotter en faisant la planche, certes, mais je soupçonne mes camarades de n’avoir pas eu que cette image en tête au moment où le surnom m’est tombé dessus.
Revenons à la voiture. Une vingtaine de minutes après le départ, mon téléphone sonne. C’est la fille du Plantigrade – que j’avais croisée devant chez eux en arrivant, un peu plus tôt ; dans son sac elle avait un livre, je n’avais pu me retenir de lui demander ce que c’était : « Le bref été de l’anarchie », le fantastique livre sur Durruti de Hans Magnus Enzensberger ( https://abordages.net/revolution-et-guerre-d-espagne-1936-1939/#LeBrefEteDeLAnarchie
). Mais revenons à la voiture. Je passe le téléphone au Plantigrade avec sa progéniture au bout. Elle lui dit qu’il est parti « avec le téléphone de maman ». Ah oui, confirme le père en regardant, navré, le téléphone de sa compagne sorti de sa poche. Nous nous marrons comme des bossus. Mais, heureux hasard, nous sommes près de chez Casimir. Dis-lui qu’elle récupère le téléphone demain, on le laisse chez moi. Ah oui, bonne idée répond le Plantigrade, toujours aussi navré. Arrivés devant chez Casimir, cinq minutes après, les deux filles de ce dernier sortent sur le parking et brandissent… un sac contenant les affaires de voile du paternel. À ce moment, le rictus « navré » change de visage et s’abat sur celui de Casimir. Les rires de bossus redoublent d’intensité, nous nous tenons les côtes et n’en revenons pas d’une telle coïncidence : il a fallu qu’un téléphone soit oublié pour que nous puissions prendre in extremis un sac important oublié avant de nous engager sur l’autoroute.
Les jours suivants, alors que la navigation et le séjour se passaient très bien, nous conclûmes qu’il devait y avoir une loi de la conservation de la punkitude, et que l’ayant portée à des sommets au moment du départ, le reste du séjour ne pouvait être que calme et ordonné.
Vendredi 10 octobre 2025
Après avoir fait l’inventaire et échangé avec le loueur, nous quittons le port de Granville, cap sur Jersey en contournant Chausey et les hauts-fonds des Minquiers par l’est.
Nous avons chargé une quantité astronomique de vivres, comme si nous partions pour une semaine. Mais le bateau est grand.
Il navigue bien, malgré sa largeur. Je suis assez impressionné par l’espace que l’on gagne dans le carré avec peu de longueur en plus. C’est un Dufour 35 pieds, soit 10.8 mètres. Voiles neuves, barre à roue, guindeau électrique pour le mouillage (l’ancre), moteur qui semble en bon état, petit GPS traceur sur la table à carte, carré et couchettes bien aménagés. Il y a même un réfrigérateur.
Des dauphins viennent jouer autour de nous peu après le départ, nous essayons de communiquer avec eux – j’ai l’impression qu’ils réagissent un peu lorsque je fais le hibou. Ils devaient bien se marrer.
Ça souffle d’est-nord-est – et il en sera à peu de chose près de même pendant nos quatre jours de navigation. Une dépression est bizarrement centrée sur le Royaume-Uni et, tournant dans le sens horaire, nous prodigue ce vent d’est. Le loueur nous a dit avant le départ que le vent était vraiment en train de changer, ces dernières années. Je m’attendais aussi, en octobre, à un peu de vent fort, mais pas tant d’est.
Nous prenons le large en distinguant la haute silhouette du Mont-Saint-Michel tapi au fond de sa grande baie et filons bon train. Nous arrivons à Saint-Hélier, capitale et principal port de Jersey en fin de journée, à 17h40 – nous notons l’heure exacte parce que nous nous astreignons à tenir correctement le journal de bord: la dernière fois le loueur avait proposé de nous rembourser la TVA pour le temps passé dans les eaux britanniques, mais notre légèreté à noter caps, heures et positions avait rendu l’opération administrative complexe. Et puis ça se fait, en bateau, de tenir un journal de bord.
Nous arrivons comme des princesses dans le grand port de Saint-Hélier et décidons de rester dans l’avant-port. Comme la dernière fois lorsque nous sommes allés en Angleterre, pas de contrôle strict des autorités locales et ça fait du bien d’arriver dans un autre pays sans devoir fournir papiers, visas ou autres formulaires tatillons. Que des fictions rendues très réelles par des gardes et des contrôles – les frontières – soient si importantes pour tant de gens m’a toujours semblé relever du délire collectif.
Nous nous transportons dans la ville à la recherche d’un pub où fêter notre arrivée en buvant quelques Guinness. Une fois posés au chaud, Casimir peinera un peu à nous expliquer l’effet ou la force dont il tire son surnom [3]. Faut dire, l’endroit était bruyant et les bières bonnes.
En sortant, comme il se doit chez les Anglais, nous croisons un groupe de jeunes peu vêtus (alors qu’il vente et fait frais) qui nous rencarde sur un fish and chips encore ouvert. Comme attendu, les frites sont très grasses, le poisson peu goûteux, les quantités trop abondantes, le tout refroidissant trop vite. La seule particularité de ce moment de gastronomie britannique fut le cuistot, un Palestinien libanais, installé depuis des années à Jersey. Nous étions contents de papoter et plaisanter avec un Palestinien qui ne soit pas sous les bombes, qui fait simplement des frites trop grasses.
Samedi 11 octobre 2025
Départ de Jersey, cap vers Guernesey, la plus à l’ouest des îles anglo-normandes. Nous arrivons plus vite que prévu au large de Sark, petite île escarpée sur laquelle je me souviens avoir accosté il y a des années avec mes amis Ancriers. Je crois que c’est une des dernières féodalités d’Europe, mais j’ai aussi le souvenir qu’une sorte de révolution l’a secouée il y a peu. Quoi qu’il en soit, elle n’est pour nous ce jour-là qu’une ombre posée sur l’horizon.
Un cormoran vient nous saluer, vole un moment juste au-dessus de nous, semble hésiter à se poser sur le bateau, renonce après nous avoir attentivement observés puis s’éloigne en quelques battements d’ailes. Si je devais me choisir un animal totem, ce serait le cormoran (ou peut-être le pigeon parisien, que j’admire aussi – https://abordages.net/les-pigeons/
).
Nous arrivons à Saint-Peter. Le port semble plus ouvert que celui de Jersey. Mais dès notre entrée, un petit hors-bord vient nous indiquer où nous amarrer et nous donner des papiers à remplir. Nous croisons aussi des douaniers en uniforme, mais qui ne s’intéressent pas à nous.
Nous avons du mal à trouver la capitainerie. Certes, c’est là que nous devons payer – une note que nous trouverons exagérée, 46 livres pour la nuit – mais surtout, c’est là qu’ils ont le code d’entrée des sanitaires qui nous permettra de prendre une douche chaude.
Comme à Saint-Hélier, j’ai à nouveau l’étrange impression d’arriver au Royaume-Uni, sans tout à fait y être. Peut-être un Britannique peut-il ressentir quelque chose comme ça en arrivant à Saint-Pierre-et-Miquelon. Mais Saint-Peter et Saint-Hélier sont des « grandes » villes. Je crois que Saint-Pierre ressemble davantage aux villes du bout du monde, basses, colorées et avec beaucoup de taule, comme en Patagonie.
Nous allons voir Hauteville House, la grande maison où Victor Hugo vécut son exil, sur les hauteurs. Elle est fermée pour la saison. De l’extérieur elle ressemble à ces immeubles imitation ancien, couverts de dalles décoratives accrochées sur une vilaine structure en parpaings, le genre de bâtiment qui se met à peler dix ans après sa construction. Mais que diable, avec Totor, tout passe.
Nous redescendons et entrons dans le grand pub en face du port. On nous sert des bières « on tap », issues de fûts non pressurisés, que la serveuse tire en actionnant une longue poignée droite. La bière est tiède et peu gazeuse ; elle serait mauvaise à Paris, mais dans une ville britonne, c’est souvent comme ça et elle est excellente. Le « bon » et le « beau » ne sont jamais absolus et sont toujours d’un endroit, d’un moment. Je crois par contre que le « mauvais » et le « mal » ont souvent un caractère universel. Simplement parce qu’il y a beaucoup plus de façons d’avoir du plaisir et de jouir du beau que de souffrir ou de subir le laid. De la bière fade à des considérations esthétiques, voilà que le vent dans les voiles m’a emmené assez loin.
Revenons sur notre petit équipage. Nous nous entendons très bien, nous plaisantons sans cesse et de bon cœur et je trouve que nous avons un bon équilibre de connaissances nautiques et de participation aux taches communes. C’est rare. Souvent, en mettant des gens ensemble sur un bateau surgissent des rugosités auparavant invisibles. Peut-être marchons-nous bien ensemble, aussi, parce que nous avons l’habitude des façons de faire collectives et sans hiérarchie.
PS : Effectivement, Sark était la dernière féodalité d’Europe, un système politique qui datait d’Elizabeth I, 450 ans, abrogé par les 600 habitants en 2006, qui ont voulu un parlement élu au lieu d’un parlement constitué de propriétaires terriens – https://www.reuters.com/article/world/sark-ends-450-years-of-feudalism-idUSL10769287/
Dimanche 12 octobre 2025
Nous devons déjà prendre le chemin du retour. Longue navigation de 55 milles nautiques de Guernesey à Chausey, avec un avis de vent frais qui allait et venait. C’est-à-dire qu’ils l’annonçaient, le retiraient, le remettaient. Quoi qu’il en soit, nous allions avoir du vent.
Malgré ça, nous partons tôt, pour éviter une arrivée de nuit à Chausey, endroit que nous savons compliqué, à cause des courants, du marnage dans la baie du Mont-Saint-Michel (différence entre marée basse et haute, qui peut atteindre 14 mètres par fort coefficient). Départ de nuit à 0630.
Nous prenons rapidement un ris parce que le bateau avec toute sa toile est un peu difficile à tenir. Cela peut paraître contre-intuitif, mais en réduisant la voile on avance mieux, plus vite, parce que le bateau se tient mieux. De fait, avec un ris et moins de foc, il glisse bien et nous avançons à bon rythme.
Ce sera un long bord avec parfois une mer un peu agitée – ce qui mettra des organismes à rude épreuve. Pas celui du Brasseur, certes non, puisque l’animal s’avère capable de rester à lire en bas pendant deux heures alors que le bateau tape gentiment et gîte comme il faut. Moi, si je reste trop longtemps en bas à faire du café ou regarder les cartes, une gêne commence à apparaître. Et si j’insiste, peut-être bien que cela finirait en mal de mer.
Nous arrivons devant la cardinale Nord Minquiers un peu trop justes en cap. Nous pourrions peut-être couper et la passer juste devant par le sud… mais nous décidons vite que nous ne connaissons pas assez le coin et que le temps n’est pas au flirt avec les cailloux. À nouveau nous devrons virer un peu devant la cardinale suivante, une est, les Ardentes. La faute à des caps trop optimistes et aux courants de marée qui ne font pas semblant, dans la région.
Nous manquons d’emporter un casier de pêcheurs face auquel nous avons trop tardé à décider si nous passions au vent ou sous le vent. En voyant le barreur regarder le flotteur du casier approcher, hésiter et finalement presque le toucher, je me dis que l’adage motard « la moto suit le regard du conducteur » s’applique peut-être aussi aux voileux.
Passé les Ardentes nous virons et descendons vers Chausey que nous approchons par l’ouest, comme des fleurs. Le vent s’est calmé, le clapot aussi, il fait encore jour et nous ressentons un immense plaisir à naviguer là, à voir apparaître puis grandir les roches sombres et hostiles de l’archipel. J’en ai le souvenir comme d’une sorte de moment d’extase collective comme la mer sait en offrir. Nous arrivons enfin face à l’entrée du Sound, la passe sud au bout de laquelle nous pourrons passer la nuit. Nous sommes à l’étale de basse mer et l’entrée est impressionnante. Sans le GPS je ne suis pas certain que nous nous serions risqués à cette entrée par ce coefficient de marée. Il n’y a presque plus d’eau, des rochers partout. Au sondeur nous n’avons parfois pas plus d’un mètre sous la quille.
Un cormoran nous survole avec flegme. Ça ira.
Nous arrivons vers 19h30, juste avant la nuit. Heureusement qu’il y avait encore un peu de lumière, vu la technicité de la prise de coffre par ce foutu vent de travers, un devant, un derrière. Mais tout se passe bien, en une fois – même pas besoin de nous y reprendre – et nous sommes les plus heureux des hommes, à l’abri au cœur de l’archipel qui fut une base arrière des vikings. Il n’y a de meilleure bière que celle que l’on boit dans le carré d’un bateau bien amarré, le vent n’étant plus bon qu’a siffler dans les haubans. La joie ne retenant pas les bateaux, nous doublons les aussières pour la nuit, au cas où.
Lundi 13 octobre 2025
C’est le dernier jour, nous devons rentrer à Granville.
Mais avant de mettre les voiles, nous allons à terre visiter un peu Chausey. C’est-à-dire que nous montons tous les quatre dans la minuscule annexe gonflable grise et gluante d’eau de mer et que nous pagayons fort, le cul à fleur d’eau.
Nous allons voir le vieux fort où furent enfermés des communards après la répression de la Semaine sanglante menée par les versaillais en 1871. Nous sortons notre drapeau antifa et faisons la photo qui devient peu à peu notre tradition.
La diversité de la flore sur l’île est impressionnante. Un rouge-gorge à la poitrine éclatante piétine autour de nous comme si nous n’étions pas dangereux. Nous observons de longues minutes une petite crique si calme qu’elle nous paraîtra presque irréelle quelques heures plus tard quand le vent nous secouera comme il faut lors de la courte traversée de retour vers le continent.
En retournant à notre voilier, nous en voyons un autre sortir. Il descend lentement le Sound à la voile, ce qui n’est pas trivial. C’est le gars qui la veille nous avait demandé si nous avions de l’huile moteur.
La traversée se passe bien, malgré le vent qui s’est levé. Nous reprenons un ris, nous tirons quelques bords, Granville arrive vite.
Mais revenons à la prise de ris. La voile oblige à l’humilité, par la force du vent. Quand les mots n’y parviennent pas, c’est la puissance de la nature qui remet l’ego à sa place. Pour prendre le ris, opération qui consiste à réduire la surface de la grand-voile, il faut se mettre face au vent, pour pouvoir l’affaler (la baisser) un peu. Au moment de le faire, le foc (aka le « génois ») se met à faseyer en diable, malmené de gauche à droite par le vent. Alors je commets une erreur. Comme il m’emmerde à faire tout ce boucan en claquant, je l’enroule, le foc. Un peu, cela aurait été bien, puisque nous réduisons la grand-voile il faut bien le réduire aussi. Mais je l’enroule trop. Au moment de repartir, le Plantigrade me crie « t’as trop enroulé le foc, on n’est plus manœuvrant ! ».
Je sus immédiatement qu’il avait raison. Pourtant, je regardai la voile sans réagir. Voyant qu’effectivement nous étions à l’arrêt et que nous ne repartions pas, je le lâchais, le foc ; il se remplit de vent comme s’il en était affamé et nous repartîmes. Cela ne dura que quelques secondes. Mais pendant ces courts instants, j’expérimentais l’ego qui m’avait incité à regarder le bateau, mon ami se trompe peut-être, nous allons bien repartir et nous lâcherons le foc ensuite ; puis la force du vent, la mécanique nautique, l’altérité de la nature m’avait dit : non, tu ne repartiras pas, tu as commis une erreur, assume-là, lâche le foc ou nous restons plantés là. J’en parlai ensuite au Plantigrade, expliquant cette bêtise qui m’avait fait attendre que le vent confirme ce que je savais vrai au moment où il me l’avait dit, mais que, peut-être vexé par mon erreur, j’avais brièvement nié.
Foc trop enroulé, casier de pécheur presque ramené à bord ou pris dans le safran, moteur accéléré alors qu’il était débrayé – ce qui donne l’inquiétante sensation d’un problème grave avec l’hélice –, virement confondu avec un empannage… Nous avons tous fait nos erreurs et ce que notre équipage a de beau c’est que nous en parlions très librement. L’absence de véritable hiérarchie de connaissance ou d’expérience marine instaure une égalité qui laisse la discussion autour de l’erreur s’épanouir sans que personne ne s’impose, sans que personne n’en prenne ombrage ou ne s’enfouisse dans sa coquille.
Nous arrivons heureux de notre périple, heureux que tout se soit si bien passé avec notre nouveau compère, Casimir.
Après avoir rangé et nettoyé le bateau et avant de prendre la route de retour vers Paname, nous concluons qu’il est vraiment temps que nous lancions notre club de navigation libertaire et antifa, qui s’appellera probablement Long John Silver club. Si vous êtes intéressé-e, dites-nous.
[1] Checklist d’équipement :
– Sac de couchage
– Bottes en caoutchouc
– Veste de quart
– Pantalon de quart
– Bonnet
– Vêtements et sous-vêtements chauds (quelle que soit la saison)
– Chaussures / baskets (éviter les semelles sombres / noires)
– Gants de voile (pas indispensable…)
– Brassière (mais il y en a sur les bateaux, en général)
– Crème solaire
– Serviette
– Trousse de toilette (avec savon et shampoing)
– Thermos
– Lunettes de vue
– Lunettes de soleil
– Téléphone
– Chargeur / câbles
– Housse étanche téléphone
– Sac étanche orange
– Couteau
– Couteau Leatherman
– Chatterton
– Lampe de poche
– Lampe frontale
– Jumelles (il y en a souvent sur les bateaux, mais elles sont souvent pourries)
– Guide des Glénans
– Apps (Météo Consult Marine, Marées, C-MAP ?, Navionics ?, GT Orcas si on va au large du Portugal et que l’on s’intéresse aux orques, ou eux à nous…)
– Cartes
– Almanach
– Chéquier
– Passeport
– Portefeuilles
– Livres
– Carnet de notes
– Stylos
– Médocs
– Masques
– Drapeau antifa
[2] Liste de courses – (à adapter selon la durée – là, c’est à peu près pour plus d’une semaine à 3/4)
Affaires courantes
– Petits sacs poubelle avec collier de serrage pour l’attacher, pas le fil en dessous relou
– Café
– Sucre
– Liquide vaisselle petit
– Sopalin
– Torchon (super important, ça ; la vie est différente, sans torchon)
– PQ
Nourriture
Ptit déj
– Café soluble et un paquet de vrai
– Boite de thé
– Céréales simples ou muesli ou flocon d’avoine x 3 boites
– Lait ou lait de riz x 3 bouteilles
– Pain de mie complet 1 gros paquet
– Beurre doux en barquette (non salé – Note d’un membre de l’équipage: si, salé…)
– Confiture
En-cas
– Chocolat tablette x 3
– Sachet de mélanges noisettes ou amandes ou grosses graines (x2)
– Gâteaux (pims, palmiers, gaufrette, granola, sablés)
– Saucisson
– 3 paquets de chips ou bretzels
Repas
– Pâtes (deux paquets de spaghettis et un d’autre chose)
– Riz cuisson rapide pour deux repas
– Sauce tomates x 3
– Boite de, mais x 2
– Boites de thon en miettes x 2
– Boite cornichons
– Sardines
– Fromage
– Crème liquide x 3
– Plats préparés rapide x 8 (optionnel, mais pratique parfois)
Dessert
– Mousse au chocolat x 8
– Yaourts x 8
Légumes
– Concombres x 2
– Salade sous plastique x 2
– Poivrons x 2
– Oignons x 6
– Ail
– Carottes
Fruits
– Sac de pommes
– Bananes
– Fruits secs
Boissons
– Eau x 1,5 l (en bouteilles)
– Bières 25 cl x 32
– Vin rouge 2 bouteilles
Condiments
– Sel
– Poivre
– Huile
– Moutarde
[3] L’effet Casimir est une force attractive entre deux plaques parallèles conductrices due aux fluctuations quantiques du vide : https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_Casimir
