Haut les cœurs, éboueurs !
Des tas de sacs poubelle flasques dont s’échappent d’affreux liquides et des odeurs nauséabondes jonchent les trottoirs de Paris. Ces immondices exposées au grand air de la capitale rappellent en puant un invariant du capitalisme : quand les travailleurs s’arrêtent, personne ne prend leur place. Allons, Parisiens qui râlez : soyez conséquents ! Organisez-vous donc et débarrassez la ville de ces ordures qui vous font défaillir. Au lieu de pleurnicher et de prendre des photos en secouant la tête, Parisiens en carton, empoignez donc ces sacs et emmenez-les quelque part ! Vous ne savez pas ? Vous n’osez pas ? Vous ne voulez pas vous salir ? Vous ne voulez pas risquer une maladie ? Vous, lorsque vous vous arrêtez – quand vous partez en congés, parce que vous ne faites jamais grève, droits aux congés gagnés par des grèves – lorsque vous vous arrêtez, il ne se passe rien. Le monde s’en porte souvent mieux, même. Les éboueurs, quand ils s’arrêtent quelques jours, vous pleurnichez. Vous ne faites rien. Vous savez ce que cela révèle ? Qu’en plus d’être des geignards, vous ne savez vivre que si d’autres travaillent pour vous. Vous ne savez même pas vous occuper de votre ville. Vous la sentez, l’asymétrie ? Vous la sentez, votre vacuité ? Vous vous rendez compte de votre indécence lorsque vous râlez pour quelques jours de poubelles sur les trottoirs alors que les éboueurs en grève le font pour ne pas devoir ramasser vos déchets deux ans de plus ?
15 mars 2023